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Sécheresse & Canicule La forêt française risque de payer un lourd tribut

PARIS, 28 août (AFP) - La forêt française risque de payer un lourd tribut à la canicule qui s'est abattue cet été sur le pays, même si certaines régions, plus habituées à la sécheresse, semblent relativement épargnées, selon une enquête des bureaux régionaux de l'AFP.

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Ce sont les feuillus qui ont le plus souffert, ainsi que tous les jeunes arbres replantés après les tempêtes de fin 1999.

Dans le nord-est, première région forestière de France, les feuillus ont fait leur automne avec six semaines d'avance. Ces arbres n'ont ainsi pas constitué de réserves, ce qui pourrait entraîner une mortalité au printemps prochain. Pas de conséquence directe en revanche sur les grands résineux, mais les jeunes plants risquent d'être directement touchés.

L'Office national des forêts (ONF) va particulièrement surveiller les peuplements les plus sensibles comme les épicéas. Ces conifères ont un enracinement superficiel et ont manqué d'eau, ce qui les rend davantage sujets aux attaques des insectes, notamment les scolytes qui s'installent sous l'écorce.

La sécheresse pourrait également aggraver la situation des chênes, très présents dans les forêts du grand-Est, fragilisés par des attaques de chenilles, surtout sur le plateau lorrain.

En Franche-Comté (45% de territoire boisé), les scolytes se sont développés sur les résineux et les épicéas. "La récente période de sécheresse nous a donné 20.000 m3 de bois scolyté, alors qu'une année normale n'en produit que 5.000 m3", explique Christian Demolis, responsable de l'ONF.

Dans l'Ouest, l'essentiel des répercussions sera concentré sur les jeunes plantations. Les endroits les plus vulnérables correspondent aux zones de reconstitution après la tempête de 1999, comme la forêt de Fougère. "On alterne les agressions: tempêtes, coups de vent, chaleurs, attaques de champignons et d'insectes", souligne Alain Couka, expert de l'ONF à Rennes.

Dans le Centre, la canicule a été fatale à 20.000 chênes pédonculés de plus de cent ans en forêt de Vierzon (Cher). "C'est inquiétant, nous pouvons craindre avec le réchauffement climatique la disparition des chênes pédonculés qui souffrent davantage de la sècheresse", selon Pascal Jarret (ONF). La grande chênaie française couvre l'Orne, le sud de l'Ile-de-France, la région Centre, l'Allier, et la Nièvre.

En Midi-Pyrénées, les experts relèvent un affaiblissement de la plupart des peuplements forestiers, avec des symptômes souvent très spectaculaires dans la mesure où la température de surface, extrêmement élevée, a grillé les feuilles. Mais à l'exception des jeunes plantations, pour lesquelles le déssèchement est presque toujours irréversible, il est encore trop tôt pour risquer un pronostic.

Même prudence en Rhône-Alpes mais les experts sont d'ores et déjà inquiets pour les feuillus des Pré-Alpes qui sont devenus orange et roux à partir du 15 juillet, essentiellement sur les zones dont le sol est très pauvre. En altitude, les résineux perdent actuellement leurs aiguilles de façon massive.

D'autres régions, moins touchées par la sécheresse ou plus habituées aux températures extrêmes, ont moins souffert. Ainsi, dans le Nord-Pas-de-Calais, il n'y a actuellement pas de conséquences visibles de la sécheresse sur les forêts, qui n'avaient pas non plus subi les tempêtes de 1999.

L'ONF observe que la forêt méditerranéenne résiste relativement bien à la canicule. Pins et chênes sont adaptés au climat aride méditerranéen: ils plongent leurs racines très profondément dans le sol pour trouver l'eau et limitent au maximum leur transpiration en période de sécheresse.

Les incendies en revanche ont été dévastateurs: au 25 août, 22.640 hectares de forêts avaient été ravagés par les incendies en PACA cet été, selon des chiffres provisoires.

Enfin dans le Sud-ouest, il n'y aura pas a priori de gros dégâts, à condition toutefois qu'il y ait suffisamment d'eau dans le mois qui vient. La forêt landaise ne semble pas notamment avoir trop souffert. "Les pins sont habitués à la sécheresse. A priori, ils vont tenir", a indiqué un expert.


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